Interview du Professeur Sonia Alamowitch, Chef du service de neurologie et d’urgences neuro-vasculaires

Interview du Professeur Sonia Alamowitch, Chef du service de neurologie et d’urgences neuro-vasculaires

Dans le cadre de la campagne mondiale de lutte contre l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) vous organisez une journée d’information, en quoi est-ce important ?

Les AVC sont la première cause de handicap, la 3ème cause de mortalité et la 2ème cause de démence. On détecte 150 000 nouveaux cas par an en France, soit 1 AVC toutes les 3 minutes.

Les AVC sont fréquents, graves et il est urgent d’en faire le diagnostic très rapidement car il existe des traitements efficaces. Pour ces trois raisons, il nous parait indispensable d’informer le grand public.

Il existe deux types d’AVC : l’infarctus cérébral (80 % des cas, artère qui se bouche) et l’hémorragie cérébrale (20% des cas, artère qui se rompt). Un traitement spécifique peut être administré dans l’infarctus cérébral (thrombolyse), il permet la désocclusion de l’artère cérébrale et la récupération sans séquelle chez de nombreux patients. Cependant, il doit être administré dans les 4h30 suivant l’installation des symptômes, le traitement sera d’autant plus efficace qu’il sera donné tôt. Il faut par conséquent agir vite, plus on intervient tôt plus on limite les conséquences de l’AVC.

La prise en charge dans une unité spécialisée en neurologie vasculaire améliore les chances de récupération et permet de mettre en place des mesures efficaces pour éviter une rechute après un premier AVC.

Enfin, l’AVC n’est pas une fatalité, un des facteurs important qui augmente votre risque d’AVC est l’hypertension artérielle. Il est crucial de se faire dépister par un geste simple : une prise de tension artérielle auprès de votre médecin. Si les chiffres sont au dessus de 140/90 mm Hg, c’est que vous avez probablement besoin d’un traitement.

Quels sont les réflexes à avoir en cas d’AVC ?

La première chose est de le reconnaitre.  Il se caractérise par une paralysie brutale (perte de la force d’un coté sur la moitié du corps : bras, jambe, déformation de la bouche), une altération du langage, ou des troubles de la vision, plus rarement un mal de tête très violent et très brutal.

 Il est important de noter l’heure de constatation des troubles puis d’alerter immédiatement les secours (15) en expliquant ce que vous avez constaté et que vous suspectez un AVC. Le patient est adressé alors directement dans un hôpital avec service spécialisée dans l’AVC. La réalisation d’une imagerie cérébrale est une étape initiale pour déterminer le type d’AVC et la nature du traitement à administrer.

Quelles sont les autres pathologies que votre service traite ?

Le service de neurologie est centre expert pour la sclérose en plaques, l’équipe est dirigé par le Professeur Bruno Stankoff. De nombreuses autres pathologies neurologiques sont également prises en charge dans le service comme les migraines, l’épilepsie…

Le service de neurologie et d’urgences neuro-vasculaires de l’hôpital Tenon compte 6 lits d’unité de soins intensifs neuro-vasculaire, 16 lits d’unité neuro-vasculaire et 7 lits de neurologie générale. Sur ces 29 lits d’hospitalisation de plus de 24h, environ 2000 patients sont hospitalisés chaque année. Il existe aussi un hôpital de jour qui accueille 9 à 10 patients par jour.

L’équipe se compose de 7 médecins séniors à temps plein dont 3 sont titulaires du diplôme de pathologie neuro-vasculaire, 3 attachés, 4 internes, 2 neuropsychologues, 2 orthophonistes, 2 kinésithérapeutes, des infirmières et aides-soignants, une assistante sociale. Cette organisation permet d’assurer une garde de neurologie 24H/24H.