A l’occasion de la semaine du rein et de la journée de dépistage des maladies rénales nous avons rencontré le Professeur Rondeau , chef du pôle Maladies du rein et des voies urinaire à Tenon et lui avons posé quelques questions.
Quels sont les types de maladies rénales et qui cela concerne t il ?
Les maladies rénales sont souvent silencieuses, et méconnues jusqu’à un stade avancé. On estime qu’en France environ 3 millions de personnes ont une maladie rénale chronique, avec ou sans insuffisance rénale (c’est à dire avec une baisse de la capacité de filtration du sang). Ces maladies peuvent être acquises au cours de maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé), de maladies métaboliques (diabète). Elles peuvent faire suite à l’hypertension artérielle, ou aux infections urinaires répétées. Elles peuvent aussi être d’origine génétique. Lorsque la fonction rénale devient insuffisante, le recours à la dialyse ou à la greffe rénale est indispensable. En France en 2014 on compte environ 40000 dialysés et 35000 porteurs d’un greffon rénal fonctionnel.
Aujourd’hui où en est la recherche ?
La génétique a permis de faire de nombreux progrès en néphrologie, en identifiant les gènes mutés dans de nombreuses maladies génétiques rénales, autosomiques (dominantes ou récessives), ou liées à l’X. Elle a aussi permis d’identifier des polymorphismes associés à un risque plus grand de progression des maladies rénales. Les nouvelles techniques de séquençage du génome vont sûrement permettre de trouver d’autres gènes morbides importants dans l’apparition ou la progression des maladies rénales. Sur le plan thérapeutique, la mise au point d’anticorps monoclonaux humanisés est en train de se développer pour donner naissance à de biothérapies hypersélectives et très efficaces: anticorps anti-CD20 (rituximab), anticorps anti-C5 (eculizumab) par exemple.
Quelle prise en charge proposez-vous au sein de votre service ?
Tous les aspects de la maladie rénale aigüe ou chronique sont pris en charge dans le pôle MRVU, depuis la phase initiale nécessitant souvent une ponction biopsie rénale pour établir le diagnostic, jusqu’au stade ultime de l’insuffisance rénale nécessitant la dialyse ou la transplantation. Ces 2 modalités thérapeutiques sont assurées dans le pôle et permettent d’offrir aux malades tout l’éventail des possibilités thérapeutiques disponibles aujourd’hui. Dans certains cas particuliers, les échanges plasmatiques et l’immuno-adsorption sur colonne de protéine A-sépharose peuvent aussi être pratiqués (maladies auto-immunes, rejet humoral de greffe rénale, désensibilisation avant greffe rénale).